vendredi 17 août 2018

On s'en serait bien passé

Bonjour les Soulplaciens,

Et l'on se dit que la Musique s'en relèvera, que la Soul sera perpétrée par d'autres voix, que le Blues a depuis bien longtemps trouvé des artistes qui l'honorent, que l'Eglise a dans sa communauté un réservoir inépuisable de talents qui perpétueront le Gospel, que le Monde regorgera de consciences éclairées qui appelleront sans relâche à l'égalité entre hommes et femmes, que la Société ne se satisfera jamais de son reflet raciste sous tous les cieux. On peut effectivement accepter ces assertions pour vraies et penser qu'une femme de 76 ans peut quitter ce monde sans que sa face s'en trouve changée.
Sauf qu'à jeter un regard aigu sur la deuxième moitié du 20ème siècle, Aretha Franklin représentait tout cela. Et, pour être juste avec son immense parcours, elle l'incarnait. Là est la limite qui sépare les grands des héros inaccessibles.
Cette femme a tout vécu, et elle l'a chanté. Je crois que c'est là le siège de toute sa force. Si l'on se réfère à sa reprise d'Otis Redding "Respect", on prend toute la mesure de sa capacité touchante à s'immerger dans un texte et à le sublimer : Otis Redding a écrit cette chanson, dont le titre lui a été soufflé par un de ses musiciens à qui il contait ses problèmes domestiques. Aretha Franklin se l'est appropiée et, par sa seule voix, son ton, sa foi, sa force, en a fait un hymne que toutes les femmes ont pu faire leur. Mieux encore, au sortir de ce nouvel hot summer qui embrasa sa ville natale (Merci Mme Laval), elle permit aux jeunes de Detroit d'exiger un RESPECT qui a fait de ce titre le pendant féminin du fameux "Say it loud" de James Brown.
Et l'on se surprend à penser avoir tout dit, décrit avec ce seul morceau d'anthologie... Heureusement non !!! Je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne Aretha Franklin ne m'a jamais fait pleurer, je l'ai écouté attentivement, religieusement, et elle m'a toujours tiré un sourire d'admiration ou de contentement. Parce qu'elle avait tout dit...
Je suis heureux que sa carrière l'ait vue passer des honteuses portes dérobées des établissements dont elle fit la gloire, à accompagner de sa voix l'intronisation du premier président noir américain. Heureux de savoir que jusqu'au bout de ses capacités, elle a chanté ses convictions. Heureux d'avoir danser et fait danser grâce à elle.
Mon esprit mutin m'a souvent permis de moquer ses tenues ou ses coiffes, mais il semble que ce soit l'apanage des reines. Pour autant, même si attendu, nous nous serions bien passés de son départ qui laisse un trou béant partout où son talent s'est posé.

The Thrill Is Gone



2 commentaires:

  1. C est vrai “cette femme a tout vécu” et elle y a survécu, quelle aubaine! Elle a laissé “un troue béant” à la hauteur de sa longue et indispensable présence dans ce monde! Merci Jp pour cette hommage à la hauteur de cette dame (si tant est que cela soit possible!), ça nous change des mots faiblards de son propre président ! ☹️

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  2. c'est aussi beau sur le fond que sur la forme, je suis certaine que si Aretha t'avait rencontré elle t'aurait de suite reconnu. merci JP Mano

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